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vendredi 24 novembre 2017

Média et démocratie en Tunisie: deux termes opposés ou complémentaires ?

Dans une sphère politique connaissant des mutations démocratiques, le rôle des médias se manifeste critique. S'agit-il d'un vecteur d'une réelle démocratie qui appuie la transition politique d'un régime dictateur monopolisant la parole vers le régime de libre parole ou un médium pour véhiculer des idéologies réactionnaires et qui penchent vers un retour en arrière? 

 
Actuellement en Tunisie, le climat politique reflète parfaitement l'oppression vécue il y a plus de 50ans, fruit de deux régimes totalitaires successifs ce qui présente un enjeu énorme par rapport à la pratique journalistique, à la pratique démocratique et à la pratique politique même.  
Par conséquence, les médias dont le rôle fondamental est d'informer, d'expliquer de critiquer se trouvent manipulés par les lobbies, les détenteurs de capital, les annonceurs et les publicitaires, sources principales de financement et de survie pourla plupart des médias  
Et manipulant leurs publics en circulant les idées imposées par ces lobbies.  
Ce qui nous mène à remettre en doute la fonction de la presse, le 4éme pouvoir, l'œil observatrice et critique de la société mais qui en l'absence de l'indépendance se dévie vers une force de rétablissement d'un régime déchu. D'ailleurs après 7ans de la "révolution" retrouver les anciennes tête du régime violet dans tout les plateaux de télé remet en doute tout un processus révolutionnaire et transitionnel.  
Cela s'explique justement par la dépendance financière de la plupart des médias à certains acteurs économiques qui étaient impliqués dans l'ancien régime et qui souhaite le rétablir d'une manière ou d'une autre. 
Le traitement médiatique du projet de loi de réconciliation économique et administrative en est d'ailleurs l'exemple le plus révélateur. 
Si les médias remettent l'ancien régime dictateur en valeur, pourrions-nous compter à ce qu'ils appuient la démocratie? Et puis dire média et démocratie ne présente-t-il pas un oxymore ?  
Cependant, les initiatives de lancer des médias alternatifs ayant un modèle économique indépendant des pressions financières sont de plus en plus présentes mais dans un contexte économique néolibéral et dans une phase économiquement critique, pourraient-ils survivre? 
Al-Hiwar Attounsi, média alternatif a fait preuve d'échec. Les pressions politiques et le cumul de la crise économique ont gagné cette guerre d'indépendance. Les poursuites judiciaires contre les journalistes à Inkyfada ( un journal web alternatif) sont multiples et présentent de vraies entraves pour les journalistes . Misk FM a du licencier les journalistes et les remplacer par des stagiaires pour pouvoir surmonter sa crise financière ( une radio culturelle où la publicité est absente). 
Tous ces facteurs démontrent que ni politiciens ni acteurs économiques souhaitent l'existence de médias indépendants fidèles à leurs rôles, à leur éthique et à leur déontologie.  
Mais le vrai pari est plutôt si les journalistes résisteront à tous ces obstacles et attraits.  

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