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vendredi 17 novembre 2017

Edito


Médias et démocratie, ce couple exige autant de réflexions que de questionnements notamment de la part des journalistes eux-mêmes, ces acteurs sociaux chargés ou qui se chargent d'être les vigiles des pratiques dites démocratiques, certes, une mission complexe.

Et parce qu'en Tunisie le processus de démocratisation de la société à travers tous ses aspects n'est pas encore achevé, la tâche de ces professionnels de l'information s’avère encore plus complexe.
En effet, si on admet que toute activité de presse en quête d'information conséquente sur l'intérêt public, est confrontée à une menace de contrôle de la part des pouvoirs économiques et politiques, les journalistes se trouvent en train d''évoluer au cœur d'un écosystème régi par des lois de pouvoir et de contre-pouvoir en opposition, dans lequel ils essayent de se positionner pour assurer leur indépendance, seule condition pour définir leur métier.

Et si nous prenons le cas tunisien, nous nous apercevons que ces journalistes évoluent dans un écosystème en cours de formation, ce qui signifie que ses mécanismes sont instables, de quoi rendre   leur mission encore plus compliquée, car les pouvoirs économiques et politiques ne sont pas identifiés.

A ces questions s'ajoutent d'autres facteurs qui peuvent entraver les journalistes tunisiens dans leur processus professionnel, primordial pour l'instauration, puis le renforcement du modèle dit démocratique. Il s'agit en premier lieu de leur image, représentée péjorativement par les différentes composantes de la société, dont notamment les citoyens, un fait qui s'explique par le contexte historique de l'activité de la presse et des journalistes sous la dictature de l'ancien régime, qui était un moyen pour assurer la légitimité des pratiques répressives. Donc il s'agit plutôt d'une crise de confiance aux journalistes, qui trouve ces origines dans le vécu de la presse tunisienne, qui était dés ses prémices sous l'emprise du pouvoir politique. En effet, il faut rappeler dans ce sens que le premier quotidien imprimé en Tunisie a vu le jour sous le nom de Arra'id Attunisi comme premier journal officiel tunisien fondé par le souverain de l'époque, Sadok Bey. Et depuis, l’activité de la presse tunisienne n’échappera pas aux emprises du pouvoir politique tunisien notamment sous les deux régimes autoritaires de Bourguiba et de Ben Ali.

Si on se penche sur l'activité des journalistes tunisiens et sur leur rôle dans la promotion de la transparence et de la pluralité, les deux piliers de la notion de démocratie, il faut tenir en compte la précarité de leur secteur d'activité, où le modèle économique des medias le plus dominant demeure tributaire des revenus publicitaires. De ce fait, dans un paysage médiatique où les revenus publicitaires et l’audimat sont les maître-mots, le poids et la présence des médias privilégiant la qualité de l’information, sont minoritaires. Les journalistes tunisiens se trouvent alors sous le pouvoir des annonceurs et de la poursuite de l’audimat, ce qui entrave davantage leur première mission dans un Etat de droit.

Pour comprendre donc le lien entre les médias tunisiens et le modèle démocratique en cours d’instauration, il serait plus adéquat de se pencher sur tous les aspects de la sphère d’évolution des journalistes tunisiens et de toucher de près leurs contextes de travail.

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